Chaque année, un événement bien particulier a lieu à une quarantaine de kilomètres de la ville de Dubaï : une course de dromadaires montés par des robots jockeys. Les Émiratis sont passionnés par les nouvelles technologies, notamment les drones, surtout lorsqu'elles permettent de préserver les traditions tout en respectant les droits de l'homme. Les courses de camélidés sont un sport traditionnel pris très au sérieux par les Dubaïotes. Chaque animal est un pur-sang de race, valant souvent plusieurs dizaines de milliers de dirhams. Ces courses sont devenues très populaires à partir des années 1960, et leur popularité croissante a généré d'énormes sommes d'argent. Malheureusement, à partir des années 1970, un trafic inadmissible a pris de l'ampleur : le trafic d'enfants. En effet, les propriétaires de dromadaires recherchaient des jockeys toujours plus légers pour améliorer les performances de leurs animaux. Certains n'ont pas hésité à faire venir clandestinement des enfants, certains âgés de seulement 6 ans, en provenance de pays d'Asie du Sud (Bangladesh, Sri Lanka, et Pakistan principalement) et d'Afrique. Ces enfants étaient souvent affamés par leurs employeurs pour être aussi légers que possible sur le dos du chameau. Sous la pression internationale et pour mettre fin à cette exploitation intolérable, le Comité organisateur des courses dans le Golfe a pris la décision en 2004 de remplacer les enfants jockeys par des robots. Le centre qatari RAQBI a été chargé de cette mission. Après un premier prototype infructueux développé par le Qatar Scientific Club, les Qataris ont fait appel à la société suisse K-Team pour fabriquer de petits robots en matériaux composites. Les jockeys robotisés sont placés sur le dos du dromadaire et sont commandés à distance par les entraîneurs. Équipés de capteurs pour absorber les mouvements et la vitesse du chameau, de haut-parleurs pour diffuser la voix et les cris des entraîneurs, ainsi que d'actionneurs pour donner des coups de cravache, ces robots ne pèsent plus que 15 kilos et coûtent environ 200 €. La technologie a progressé depuis 2004, et les prix ont baissé considérablement : le tout premier robot Kamel pesait 25 kilos et coûtait 5000 $ à l'époque. Les robots ont apporté de nombreux avantages à ce sport. En plus de le rendre conforme aux droits de l'homme, ils ont amélioré les performances des chameaux. Plus légers que les enfants jockeys, les robots permettent aux animaux de parcourir la piste de cinq kilomètres en moins de huit minutes, soit une à deux minutes de moins qu'à l'époque des jockeys-enfant. De quoi ravir les spectateurs et les bookmakers !